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Davanlo's Blog

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Ecouter de la musique n'est pas un luxe, en faire si !


davanlo

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Lu, adapté, plagié, commenté et traduit après lecture de l’excellent billet suivant (même si je ne partage pas 100% des vues de l’auteur).

Les artistes n’ont pas besoin de réinventer le marché, c’est ce qu’il font depuis 10 ans. Le scénario veut qu’actuellement les artistes soient sur leur propre label et que les ventes passent par des distributeurs en ligne comme iTunes ou Amazon. En tant qu’indépendant, ils gagnent 60% sur les ventes, car ils se passent de distributeur. Apple prend 30% pour héberger vos fichiers sur sa plateforme. Parfois d’autres intermédiaires jouent le rôle de facilitateur et prennent encore une part du gâteau pour distribuer vos fichiers sur plusieurs plateformes et bénéficier de la visibilité de ces mastodontes . Pourtant, l’essentiel de la musique vendue sur ces plateformes est la musique que nous avons déjà acheté sur d’autres supports et qui se vend en radio et en télé, le reste du catalogue est constitué de 90% d’invendus. A cela s’ajoute que le modèle favorise la vente en singles, alors que la production physique veut des albums,ce qui génère 90% d’invendus au sein d’une même production.

Et la vérité est qu’on est aussi invisible sur ces immenses plateformes qu’on ne l’est en faisant la tournée des cafés dans une campagne reculée. On vendra au public qu’on aura pu se faire par ailleurs, ni plus ni moins (à moins de jouer de la confusion de nom, de titres ou de reprises, une vilaine pratique qui commence à pointer son nez).

Toucher 60% des bénéfices, à première vue, cela semble un bon deal. Les anciens contrats prévoyaient dans le meilleur cas, 15-30% de part des bénéfices. Malheureusement dans le nouveau modèle, l’artiste est également responsable de TOUS les aspects de la production: enregistrement, production, pressage, packaging, graphisme, promotion, marketing, booking, distribution et droits de reproduction et de diffusion. L’artiste absorbe les frais de concerts, de tournée et parfois d’organisation. La matériel audio, vidéo, l’hébergement de sites, et j’en passe. Il faut développer toutes ces compétences et y consacrer du temps, parfois au détriment de la pratique musicale. Passer par un intermédiaire coûte vite cher.

L’artiste en devenir en 2012 est le gestionnaire d’une start-up, ni plus, ni moins.

Du coup certains bons artistes se vendent mal, et ce qui se vend bien n’est pas toujours d’un grand intérêt artistique.

NOTE: Ce dernier point fait l’objet d’un débat sans fin – mon avis: il n’y a pas de honte à être populaire, être impopulaire n’est pas un gage de qualité, et vouloir rentrer dans ses frais ou être rémunéré, ou augmenter ses ventes via un concert gratuit est une démarche commerciale qui n’est pas incompatible avec la notion de travail artistique.

Pour certains, la liberté artistique est à ce prix. Pourtant un peu de direction artistique ne ferait pas de mal aux artistes qui sont souvent en demande de cadrage.

Les concerts et les tournées ne servent souvent qu’à chercher augmenter les ventes et la visibilité, sans générer de revenus. Au mieux, les frais sont couverts et il reçoit un sandwich et des bières.

Dans l’ancien modèle, l’artiste était soutenu pour la tournée par son label qui investissait dans le but d’augmenter les ventes.

Actuellement l’artiste absorbe TOUS LES FRAIS et TOUS LES RISQUES de la production et des concerts. Les intermédiaires et distributeurs prennent 30% des bénéfices des ventes, sans le moindre investissement sur l’artiste et sans le moindre risque, une opération merveilleuse … pour eux ! Bien qu’on puisse penser que vu la masse d’invendus, il y a une part de mécénat dans leur métier également.

Le paysage musical reste dominé par des artistes signés par des labels traditionnels – même si parfois on déguise leurs pensionnaires en « découverte des internautes ». Bien sur, quand les ventes explosent, les bénéfices sont confortables, mais combien d’artistes réussissent à vivre dans ce nouveau modèle. Assez peu.

Un modèle pourtant largement défendu par les adeptes de la culture subventionnée, du piratage et des défenseurs de la musique qui en tant que bien culturel « devrait être gratuite ». Un modèle qui plaît à la production amateur, aux musiciens qui (comme moi) en font un hobby, mais ont un boulot à côté (ou à ceux qui bénéficient du mécénat involontaire de la société via le chômage) et se réjouissent de la facilité apparente de la production et de la diffusion de leurs créations. Un modèle qui plait à ceux qui composent de la musique sur ordinateur et ne comptent pas « vraiment » faire du live.

Mais le calcul de la viabilité économique est un casse-tête auquel le nouveau modèle répond encore plus mal que l’ancien.

Ce qui a changé ?

Ecouter de la musique n’est plus un luxe, distribuer sa musique n’est plus un luxe, en faire à moindres frais en est devenu un ! Mais je l’admets, ce luxe, c’est aussi du plaisir.

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20 Commentaires


Commentaires recommandés

"Ecouter de la musique n’est plus un luxe, distribuer sa musique n’est plus un luxe, en faire à moindres frais en est devenu un !"

 

Ca depend des ambitions en faite. Est ce que l'artiste veut distribuer et diffuser son oeuvre, juste pour la diffuser, ou souhaite il en retirer une compensation financière.Si on veut juste se faire entendre, on peut le faire gratuitement. SI on veut un retour monnaitaire, alors oui la il faut un peu de travail.

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en fait, ce ne sera jamais gratuit, il y aura toujours des frais ... mais il peut effectivement décider d'y aller de sa poche.

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Faut pas oublier qu'effectivement, produire de la musique ça a un coût, plus ou moins important suivant le style, le public visé et beaucoup beaucoup d'autres facteurs. Ce qui explique que la musique se vend, tout simplement parce que sans argent, la plupart des artistes ne pourront plus faire de musique. Et à partir du moment ou on oublie cet aspect, c'est dangereux pour l'avenir des arts.

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@Davanlo : Jamais gratuit, comme je dis, ca depend. Si tu veux juste diffuser sans attendre de revenu... Un instru, une rue, et voila.

 

Alors certes, il faut au moins investire dans un instru... Mais bon !!

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Faut investir dans l'instru + le temps passé à travailler, ça se compte en centaines d'heures quand même. C'est un investissement énorme.

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Ok, mais passer du temps a s'entrainer sur sa gratte, c'est gratuit nan ?

 

Personne ne me paye, et je ne paye personne quand je joue de la gratte chez moi.

 

 

Edit: je suis toujours dans la position d'une diffusion sans attente de retour monaitaire hein.

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Ah mais j'ai jamais dis le contraire. Là ou je veux en venir, c'est que si tu n'en retires aucun bénéfice, et c'est ce que tu sembles dire, ça reste un passe-temps. Ce qui est très différent d'un artiste qui veut se développer professionnellement, qui veut faire des albums, des tournées, avec un groupe etc... Et en plus, c'est loin d'être possible pour une majorité de personnes : pour beaucoup d'instruments, tu ne peux pas bêtement descendre dans la rue et jouer.

 

Ce qui me dérange moi, c'est quand les gens mélangent ces deux aspects là : c'est deux choses complètement différentes. Faire un album avec un groupe c'est un investissement largement plus important que de bêtement gratouiller chez soi ou dans la rue.

Et là ou est le danger, c'est quand les gens commencent à dire que la musique devrait être gratuite, parce que c'est un passe-temps blablabla. Comme je le disais plus haut, si tous les artistes n'étaient pas payés pour faire ce qu'ils font, que ça n'était qu'un passe-temps, il n'y aurait tout simplement quasiment plus d'artistes.

 

Si je ramène mon grain de sel dans tout ça c'est pas juste pour faire chier, c'est surtout qu'en ce moment sur fond d'ACTA/SOPA/Megaupload j'entends des gens sortir de telles conneries (du genre "ouais mais les artistes c'est leur passion, on a pas à les payer pour ça" ou alors "ils s'en foutent de vendre des albums, ils ont qu'à faire des tournées" ou encore "regardez Radiohead ils ont filé leur dernier album gratos, pourquoi tout le monde fait pas pareil ?") que je préfère être prudent par rapport à ce qu'on dit sur le marché de la musique.

Les artistes ont le droit d'être payé, si il y en a qui veulent/peuvent bosser gratos tant mieux pour eux (et yen a qui le font !), c'est très bien, mais il faut respecter que certains artistes ont envie ou tout simplement besoin d'être payés pour continuer de faire de la musique.

 

Pour résumer : il ne faut pas confondre musicien professionnel et hobbyiste

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Je suis d'accord, c'est pour ca que je precise le context (sans attendre une contre partie). Ce que je veux dire, c'est que, non diffuser la musique n'est pas un luxe si on n'en attent rien. D'ou le "Ca depend des ambitions en faite" ;)

 

Ensuite pour ceux qui veulent en vivre, oui ca reste un investissement. Mais du coup on arrive a une approche professionelle du truc, et comme dans tout taff, y'a un investissement (en temps et en finance). La serveuse de resto va investire dans des chaussures confortables pour faire des km et des km. Le chef d'entreprise va investire dans un agenda. L'échaffaudeur va acheter une dragonne pour ne pas laissser tomber son marteau du haut de sa structure, etc...

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Exact, cette confusion est partout ...

 

en principe, tu dois payer pour jouer dans la rue (si tu veux que ça soit légal) et si tu fais passer un chapeau, c'est déjà une démarche commerciale ...

 

Et les mecs qui jouent "gratuit", je demande à voir ... à moins d'être entretenu ou sur le chômage, ce qui n'est pas éthique.

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le problème c'est que les attentes qualitatives sont les mêmes ... demi-pro ça existe pas, du coup tu dois avoir le matos, jouer clean, même pour un petit machin de 20 personnes dans un café (à moins d'aimer te faire jeter) ...

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Je trouve pas que ça soit un problème perso, au contraire j'ai même l'impression que les attentes qualitatives baissent (surtout depuis l'avènement youtube). Après c'est sur qu'il faut pas tomber dans l'élitisme, mais ya un minimum syndical à respecter.

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"Si tu joues et fait de la musique pour gagner de l'argent, ça risque d'être très très difficile, mais si tu joues de la musique pour te faire plaisir avant, tout, et si tu as des qualités indéniables, voir du talent, peut être qu'un jour tu gagneras de l'argent...."

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Exact, cette confusion est partout ... en principe, tu dois payer pour jouer dans la rue (si tu veux que ?a soit l?gal) et si tu fais passer un chapeau, c'est d?j? une d?marche commerciale ... Et les mecs qui jouent "gratuit", je demande ? voir ... ? moins d'?tre entretenu ou sur le ch?mage, ce qui n'est pas ?thique.

 

Je prends l'exemple des rodas de choro où on joue gratuitement dans un bar qu'il y ait des pros ou des amateurs (non pros).

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Vu ce que de bons musiciens apportent aux bars/pubs...au moins dans une ville de bonne taille, un cachet, même s'il est symbolique une fois divisé par le nombre de joueurs, ça me semble quand même pas du luxe !

 

Pour les groupes qui mettent les albums en ligne ils ne les filent pas gratos non plus. Le prix libre, c'est un beau principe que certains peuvent se permettre (surtout pour faire du bras de fer avec les maisons de disques), mais dire "ils filent l'album gratos" sans plus, ça reflète bien la pensée populaire. Sans tomber dans l'élitisme, si on remontait juste un peu le niveau, ce serait pas non plus du luxe.

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Je me souviens d'un Groupe qui avait reçu une demande d'un patron de Bar pour faire un Concert un Samedi soir chez lui dans son Bar....Au début, ils en étaient très heureux, car le patron leur avait dit qu'il les "indemniserait" voir mieux. Ils avaient donc racheté un peu de "matos" pour être au top.

Et le soir au final, il leur a "Royalement" filé..... 50 € !

Très déçus, ils lui en avaient fait la remarque gentiment, et la réponse fût cinglante......les spectateurs présents n'ont pas tous consommé, et les consommateurs..... pas assez ! CQFD.....

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50 chacun ou en tout ? L'effet d'un concert va au-delà du concert, les gens restent après et reviennent dans un bistrot où ils ont passé une bonne soirée ... quand un bistrot est rempli, on pousse volontiers la porte ... quand le groupe fait sa pub, le bistro se fait connaitre, etc ...

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....50 € en tout ! Bon il y a eut un autre Concert voir deux ensuite, et ce fût beaucoup mieux.....et satisfaisant.

Oui, moi, j'avoue que n'allant jamais au café, si je me décidais d'ouvrir une portre, j'irais plutôt dans celui-ci !

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La clientèle revient parce qu'elle associe le plaisir au lieu. Y'a des lieux qu'on découvre parce qu'il s'y passe quelque chose, et on y retourne, puis évite carrément d'y aller parce qu'il se passe quelque chose de "trop bien", des habitués qui déplacent du monde et que passer la soirée à jouer des coudes, c'est non. Sauf que dans les "sorteurs", dont j'ai été longtemps, ça se sait aussi que certains établissements se font tirer l'oreille, et on les évite. Pas que ça leur casse le business, mais quand j'ai l'info, je la refile avec plaisir. Et dire qu'on nous parle de commerce équitable à tout bout de champ.

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