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Le contrepoint et l'harmonie


mustach
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Salut!!

 

Je viens de découvrir le contrepoint, ça se chamboule dans ma tête, et la définition sur wikipédia ne m'aide pas beaucoup, je comprends pas grand chose.

 

De ce que j'ai cru comprendre, le contrepoint ne se base pas sur des accords.

On joue les notes de la gamme de façon les plus conjointes possible.

les notes mélodiques n’existent pas. Mais de ce que j'ai pu voir, les notes conjointes peuvent être des notes mélodiques (broderies, notes de passage), qui elles, existent en harmonie.

 

Du coup le contrepoint c'est la même chose que l'harmonie, c'est juste une approche différente de la musique? J'ai la sensation d'avoir tout faux.

J'ai dû ré-inventé toutes les lois qui régissent le contrepoint en quelques lignes là 8-)

Vraiment rien compris à la définition de wikipédia.

Modifié par mustach
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Euh ouais, le contrepoint c'est légérement plus compliqué que ce que tu décris là :p

 

Ya des ouvrages entiers qui ont été écrits et qui ne couvrent pas tout ce qu'il y a à savoir sur le sujet, donc effectivement quelques lignes ou une définition wikipédia, c'est pas top. Je vais tenter de te donner quelques infos en très très gros sur ce concept.

 

 

On a deux approches pour analyser la musique : l'approche verticale et l'approche horizontale (qui ne sont pas exclusives, on peut les combiner).

 

L'approche horizontale, c'est quand on s'intéresse à une mélodie. On regarde les rapports entre les notes (c a d les intervalles), on regarde si la mélodie est ascendante (vers les aigus) ou descendante (vers les graves), ou les deux, on regarde si elle est très conjointe (on utilise des notes qui se suivent dans la gamme) ou au contraire très disjointe (on "saute" beaucoup de notes dans la gamme) etc...Cette approche, comme pour tout le reste en musique, a des "règles" qui ne sont pas vraiment des règles et qui dépendent du style. C'est une approche qui est très peu utilisée à elle seule aujourd'hui, puisque mélodiquement on se permet beaucoup de choses et on ne se prends plus trop la tête sur les "règles". Mais à beaucoup de moments dans l'histoire de la musique c'était la seule qui existait, puisque beaucoup de musiques reposaient uniquement sur la mélodie et n'avait pas de concept d'accompagnement et d'harmonie (et c'est encore le cas aujourd'hui dans certaines cultures musicales).

 

L'approche verticale, c'est quand on s'intéresse à une suite d'accords. On regarde les rapports entres les notes de chaque accord (on chiffre l'accord en regardant les natures des tierces, quintes, enrichissement & co), et on analyse les rapports entre les accords qui se suivent (on repère les tensions/résolutions, les cadences, les accords d'emprunt etc...). C'est l'approche principale utilisée de nos jours, puisque la musique est majoritairement basé sur des grilles d'accords.

 

Le contrepoint c'est UNE façon de combiner les deux approches. Ce n'est pas la seule, ce n'est pas la "meilleure", c'est juste une méthode. La particularité du contrepoint est qu'il réponds cette fois-ci à des règles TRES strictes qui gouvernent la mélodie (les intervalles autorisés entre les notes qui se suivent) et le rythme. On peut même considérer le contrepoint comme un style musical à part entière, puisque les sonorités qui découlent de ces règles sont très typiques, tout comme le blues se reconnait instantanément quand on applique les règles de bases de 12-bar-blues etc...

Tu peux tout à fait écrire des trucs sans respecter ces règles, mais ça ne sera pas classifié comme étant du contrepoint. Tout comme tu peux tout à fait utiliser des éléments du blues dans un morceau métal, ça n'en fera pas du blues pour autant.

 

Le principe (en gros) est d'écrire d'abord une première mélodie qui sera le "thème" principal (le cantus firmus) qui doit déjà répondre à certaines règles (pas de chromatismes dans le thème par exemple). On doit ensuite écrire une deuxième mélodie qui va se superposer à cette première, en respectant encore plus de règles. Par exemple, si le cantus firmus commence avec une seconde majeure ascendante, il est strictement interdit que ta deuxième mélodie commence elle-aussi par une seconde majeure ascendante.

 

Pour rentrer un peu plus dans les détails, quand on compare deux mélodies on parle de mouvement. On a plusieurs types de mouvements :

- le mouvement parallèle : quand les deux mélodies opèrent le même changement. Dans l'exemple que j'ai donné ci-dessus, si les deux mélodies jouent une seconde majeure ascendante, c'est un mouvement parallèle. Et il s'avère que le mouvement parallèle n'est autorisé que sur les tierces et les sixtes

- le mouvement oblique : l'une des mélodies ne change pas de notes pendant que l'autre monte ou descend

- le mouvement contraire : une mélodie monte pendant que l'autre descend.

Et pour tous ces mouvements il y a des règles suivant les intervalles.

 

En plus des règles sur les mouvements, il y a aussi les analyses d'intervalles entre les deux mélodies. A chaque moment donné, les deux notes jouées par la mélodies vont se superposer pour former un intervalle. Et là encore il y a des règles. On a pas le droit d'avoir deux quintes de suite par exemple.

 

Et pour compliquer encore plus les choses, il y a des notions de rythme à ajouter. On peut avoir un contrepoint en "note-contre-note" (pour chaque note dans la mélodie principale, on a une seule note dans la deuxième mélodie), "deux notes contre une" (pour chaque note dans la mélodie principale, on a deux notes dans la deuxième mélodie) etc... Là aussi les règles sont strictes et beaucoup de choses sont interdites.

 

Donc en gros on a :

- des contraintes sur le rythme

- des contraintes sur la mélodie (l'analyse "horizontale")

- des contraintes sur l'harmonie (l'analyse "verticale" des deux mélodies superposées)

 

Pour apprendre à écrire en contrepoint, il faut apprendre toutes ces règles (petit à petit évidemment, ça se fait pas d'un coup) et s'entrainer énormément pour qu'elles deviennent "innées". Un bon compositeur en contrepoint peut improviser en contrepoint (Bach en était capable, mais il avait l'avantage d'être un génie surdoué).

 

 

Du coup la question qu'on peut légitimement se poser c'est : à quoi ça sert toutes ces règles ? Et bah ça sert à composer de la musique, tout simplement. Beaucoup de gens pensent à tort que plus on a de règles, plus on est limité dans ce que l'on peut écrire, alors que c'est complètement faux. C'est même parfois complètement l'inverse, puisqu'avoir autant de contrainte te force à être d'autant plus inventif et original, et va te pousser à trouver des idées que tu n'aurais peut-être pas eu sans contrainte. Un grand pianiste (Keith Jarrett) a dit un jour "si on me donne un clavier avec un nombre de touches infinies, je ne saurais jamais par quelle note commencer". Trop de choix tue le choix.

 

Une courte explication (humoristique) du contrepoint par Bach/Astier :

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Tu as là deux approches musicales différentes.

 

Le contrepoint est une superposition de lignes mélodiques....

Tu vas donc écrire une mélodie.... à la quelle tu vas superposer une seconde, puis une 3e mélodie etc... (Grosso modo)

Parmi les règles à respecter, dans l'écriture de ta mélodie, il y a celle disant que les notes la composant doivent être le plus "conjointes" possible. C'est à dire que si tu commences ta mélodie par un Do (et que tu écris une mélodie en do majeur) la note suivante doit être un Ré ou un Si.... Ce qui fait que ta 3e note sera un Mi, un Do ou un La....(Fais toi même l'essai pour bien comprendre le pourquoi du comment)

 

A cette première mélodie que tu as écrite, tu vas en superposer une seconde (qui va être régie par les mêmes règles)....

 

Etc etc etc....

 

On en arrive donc à ceci: en harmonie, un morceau est soutenu par une structure d'accords... (vision verticale)... dans le contrepoint, il est soutenu par le développement des mélodies (visions horizontale)

 

Et au passage, l'un des plus beaux (si ce n'est LE plus beau ) contrepoint jamais écrit :

 

http://youtu.be/XXQY2dS1Srk

 

Et comme la partition défile... Tu remarqueras qu'au début, c'est un canon.... qui évolue... où chaque voix prend son "indépendance"... et où aucune n'a pas plus d'importance que l'autre, où l'attrait musical passe d'une voix à une autre et où SURTOUT, aucun accord n'est joué!

 

Edit: grillé par Athena, et de façon super brillante :)

Modifié par Lestael
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Ah bah ça c'est de la réponse! Merci à vous deux pour toutes ces précisions. Un peu déstabilisant tout ça!

La vidéo d'Astier m'a plié.

Egalement, très jolies musiques que tu me fais découvrir là Lestael.

 

Et du coup c'est possible d'analysé uniquement de façon verticale, une musique écrite de manière horizontale? Et vice-versa. Ça poserais peut-être des problèmes?

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Et du coup c'est possible d'analysé uniquement de façon verticale, une musique écrite de manière horizontale? Et vice-versa. Ça poserais peut-être des problèmes?

 

Si c'est une simple mélodie, t'auras aucune analyse verticale possible puisque pour ça il faut au minimum deux notes simultanées. Si t'as du contrepoint (donc deux mélodies minimum), tu peux faire une analyse verticale. Dans le cas du contrepoint ça se tient, puisque l'analyse verticale est prise en compte dans l'écriture. Pour d'autres choses par contre tu peux toujours faire une analyse verticale, mais ça n'aura parfois aucun sens.

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