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Introduction à l'improvisation

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L'improvisation est un très vaste sujet, avec beaucoup de choses à apprendre, et beaucoup de méthodes pour y arriver. Les débutants se retrouvent malheureusement souvent perdus face à tout ça, c'est pourquoi nous allons poser toutes les bases nécessaires dans ce cours. Après ça, plus rien ne vous arrêtera pour apprendre l'improvisation

Prérequis pour ce cours : Aucun
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Dans ce cours nous allons faire une (grosse) introduction à l'improvisation. C'est un domaine extrêmement vaste, avec beaucoup de choses à apprendre, beaucoup de pistes à explorer, et beaucoup de façons d'apprendre tout ça.

Le but de cette vidéo n'est pas de vous transformer en improvisateur, mais de vous donner les bases nécessaires pour aborder tout ça correctement. J'essayerais de répondre à toutes les questions que les débutants se posent couramment sur l'improvisation, ainsi que de dissiper certains mythes ou pré-conceptions qui pourraient vous ralentir dans votre apprentissage. Si toutefois vous êtes pressés de pratiquer l'improvisation, vous pouvez toujours jeter un oeil à notre premier cours pratique pour faire votre première improvisation.

  • dans la première partie nous commencerons par définir précisément ce qu'est l'improvisation
  • nous étudierons ensuite comment les musiciens improvisent, ce qui se passe dans leur tête, et quels outils sont à leur disposition
  • dans la troisième partie nous verrons les différentes choses à travailler, qui seront abordées dans des cours ultérieurs. Ca vous donnera quelques pistes à explorer pour commencer à explorer le monde de l'improvisation
  • pour finir, nous ferons un parallèle entre l'improvisation et le fait de raconter une histoire. C'est une partie facultative, qui n'apportera rien de plus que le reste du cours, mais qui vous aidera sans doute à mieux comprendre l'improvisation en utilisant des termes avec lesquels vous serez sans doute plus familiers

Qu'est-ce que l'improvisation ?

Pour commencer ce cours, on va essayer de répondre à la question "qu'est-ce que l'improvisation ?". C'est une question qui peut sembler assez simple, mais il y a beaucoup d'idées reçues concernant l'improvisation que j'aimerais clarifier.

Pour donner une réponse simple, l'improvisation est le fait d'inventer une musique pendant que vous la jouer. C'est très proche de la composition, puisque dans les deux cas vous devez imaginer des mélodies, des notes, des accords, mais la différence c'est que l'improvisation est faite en direct. Vous ne pouvez pas revenir en arrière, vous ne pouvez pas corriger vos erreurs, une fois que c'est fait, c'est fait.

Dans la plupart des cas, on utilise le terme "improvisation" pour parler des solos. On a un accompagnement (que ce soit un vrai groupe ou une backtrack trouvée sur internet) et on doit jouer un solo par-dessus. Et déjà là c'est très important de ne pas négliger l'accompagnement, parce que le but de l'improvisation est de construire un solo qui soit cohérent avec la musique que vous jouez.

C'est l'accompagnement qui va vous donner des indices et des limites sur ce que vous pouvez jouer. Sans trop rentrer dans les détails théoriques, un accompagnement sera généralement défini par une suite d'accords, cette suite d'accords nous indiquera quelle est la tonalité du morceau, et cette tonalité nous donnera les gammes et les notes que l'on peut utiliser pour improviser. En utilisant ces gammes on sera sûr que notre improvisation sera cohérente avec l'accompagnement.

Néanmoins, il n'y a aucune règle stricte dans l'improvisation. On a donc tout à fait le droit de ne pas respecter la tonalité et de jouer "en-dehors" de la gamme. Jouer ainsi des "fausses" notes n'est pas interdit, mais c'est risqué. Ça ne sera pas forcément très beau, mais ça peut amener des choses très intéressantes.

Si vous apprenez à maitriser les "fausses" notes, vous serez capable de les utiliser dans vos solos pour jouer des mélodies qui sortent de l'ordinaire. Mais pour apprendre ça, il faut déjà commencer par apprendre comment trouver la tonalité et la gamme correspondant à un morceau, et apprendre à improviser en les utilisant.

Tout ça, ça se travaille. Beaucoup de gens ont la fausse impression que l'improvisation est quelque chose d'inné. Hors c'est comme tout le reste : ça se travaille. On ne devient pas improvisateur du jour au lendemain, ça demande de l'entrainement pour apprendre à maitriser les différentes gammes, pour développer son inspiration etc...

Et le truc intéressant, c'est que tout le monde peut apprendre l'improvisation. Et ce, dès vos premières semaines de guitare. Vous n'avez pas besoin d'attendre d'avoir plusieurs années d'expériences avant de vous lancer dans ce travail. Bien évidemment, vous ne serez pas capable de savoir jouer des solos magnifiques après quelques semaines de guitare, mais vous pouvez déjà apprendre à utiliser certains outils et certaines notions pour vous préparer.

C'est donc le but de ce cours : vous expliquer tout ce qu'il y à apprendre et comment apprendre tout ça afin de vous orienter dans ce travail.

Les différentes méthodes et outils

Une question qui revient souvent dans la bouche des débutants, c'est "comment on fait pour improviser ?". Et bien on va commencer par explorer ce qu'il se passe dans la tête des improvisateurs pour essayer de comprendre comment ça marche. On verra ainsi toutes les notions essentielles à connaitre, et quels outils on peut utiliser. On détaillera dans la partie suivante comment je vous conseille d'apprendre tout ça.

L'inspiration

Le premier outil à développer, sans doute le plus important, c'est l'inspiration. C'est tout simplement la capacité à écouter un accompagnement, d'imaginer une mélodie qui sonnera bien sur cet accompagnement et de la jouer.

Ça c'est une grosse partie du travail d'improvisation. C'est à la fois un travail "spirituel" (il faut développer son imagination, apprendre à trouver des idées originales) et un travail technique (il faut être capable de jouer une mélodie que l'on vient d'imaginer, si possible sans faute et immédiatement).

Les notes cibles

Une autre partie très importante de l'improvisation, c'est-ce uq'on appelle le concept des notes cibles. C'est un travail théorique qui vous aidera énormément dans le développement de vos improvisations.

Le concept est relativement simple à comprendre, mais plus difficile à appliquer : il faut étudier l'accompagnement, qui est généralement composé d'accords, analyser les notes qui forment ces accords, et se servir de ces notes dans notre improvisation. Si on se sert de ces "notes" cibles, qu'on les mets bien en avant dans nos mélodies, ça nous permettra d'avoir un solo qui colle très bien avec l'accompagnement.

Dans la vraie vie, ça reste assez complexe. Les accords de l'accompagnement changent, du coup il faut changer nos notes cibles au fur et à mesure qu'on improvise. On peut aussi éviter volontairement ces notes cibles afin de "sortir" un peu de ce moule.

Mais dans tous les cas, c'est un des outils indispensables à apprendre qui vous aidera beaucoup à improviser sans trop de fausses notes.

Les licks

Vous avez beau être le meilleur improvisateur du monde, il y aura forcément un moment ou vous n'aurez plus d'inspiration. Vous ne saurez plus quoi jouer d'original. Du coup il y a un autre outil qui va nous aider dans ces situations : les "licks".

Les licks ce sont en fait des petites phrases toutes faites que vous allez apprendre par coeur. Ces phrases ont déjà été utilisées des milliers de fois par des milliers de guitaristes avant vous, et pour une bonne raison : elles sonnent bien. Du coup un bon improvisateur connait beaucoup de licks par coeur qu'il pourra réutiliser pour remplir un peu un solo si il est en panne d'inspiration.

Certains vont peut-être se dire "ouais, mais c'est plus vraiment de l'improvisation". C'est pas faux, mais ça reste un élément indissociable de l'improvisation. Et rassurez-vous, tous les guitaristes avant vous ont utilisé des licks un jour ou l'autre, même les meilleurs.

De plus, un lick c'est comme tout le reste : il ne suffit pas de les apprendre par coeur. Il faut aussi savoir quand les jouer, dans quel style, dans quelle tonalité etc... Et on peut aussi modifier ces licks quand on les joue afin de les adapter un petit peu mieux au solo que vous jouez.

En bref, les licks représentent un énorme travail à faire si vous voulez improviser.

Le remplissage

Malgré tout ce qu'on vient de voir, même si vous avez énormément d'inspiration, que vous connaissez par coeur vos notes cibles et que vous avez une bibliothèque de licks en tête qui rivalise avec celle d'Alexandrie, ça arrive quand même de ne plus savoir quoi jouer.

Fort heureusement, il existe quelques autres astuces qui peuvent nous aider à "remplir" un solo, de façon plus ou moins automatique.

Un exemple de ce genre d'astuces serait les gammes brisées. Sans rentrer dans les détails, le concept est de prendre un gamme que vous connaissez par coeur et de la jouer en changeant un peu l'ordre des notes (voir la vidéo à 4:15 pour voir un exemple de ce que ça donne). C'est un petit outil qui n'est pas très difficile à apprendre, et qui permet de remplir un peu un solo avec des choses qui ne sonnent pas trop mal.

Il existe d'autres astuces de ce genre que l'on pourra apprendre, et qui peuvent varier d'un style à l'autre.

Jouer avec l'accompagnement

une autre pratique courante dans les improvisations : jouer avec l'accompagnement.

On est pas obligé de toujours faire des solos lorsque l'on veut improviser, on peut aussi se contenter d'accompagner l'accompagnement en jouant les mêmes accords. On peut également aller plus loin en enrichissant ces accords, en modifiant le rythme ou en jouant des versions arpégées. En bref, tout un nouveau monde de possibilités.

Dialoguer avec un autre musicien

Un cas particulier que vous croiserez souvent si vous jouer en groupe : dialoguer avec un autre musicien. Ça peut se faire entre deux guitaristes, ou entre un guitariste et un pianiste, ou entre n'importe quel couple de musicien.

Le concept est là encore simple à comprendre, mais plus difficile à appliquer : plutôt que d'avoir un musicien qui fait un solo puis qui laisse la place à l'autre musicien, le premier musicien va seulement jouer une ou deux phrases. Le deuxième musicien va alors "répondre" à ces phrases, en les rejouant avec quelques modifications, ou en trouvant une suite à ces phrases. Puis le premier musicien va "reprendre la parole" et continuer le dialogue.

C'est donc toute une nouvelle source d'inspiration qui s'offre à vous, puisque si l'autre musicien joue une phrase qui vous plait, vous pouvez la réutiliser et vous l'approprier.

Résumé

Voilà à peu près tous les outils qui sont utilisables lorsque vous improvisez. Mais tout ça c'est le but que vous devez viser, ce n'est pas ce que vous allez faire dès votre première improvisation. Du coup on va passer à la partie suivante pour voir comment apprendre tout ça.

Que faut-il travailler ?

Alors c'est bien beau tout ce qu'on a vu dans la deuxième partie, mais comment on fait pour savoir tout ça ? Et bien on va parler -briévement- de ce que vous devrez apprendre pour maitriser tout ça. Mais on ne va pas apprendre tout ça aujourd'hui, ce serait beaucoup trop long pour ce seul cours, je vais juste vous donner des pistes à explorer. On verra des cours spécifiques pour développer toutes les notions dont on va parler aujourd'hui.

Ces pistes peuvent être explorées sans ordre particulier, c'est même préférable de les apprendre "parallèlement", puisque certaines notions viendront en compléter d'autres. Il ne faut pas non plus être pressé de tout apprendre, toutes ces notions doivent être mises en pratiques et nécessitent de l'expérience pour être utile. Il vaut mieux passer plusieurs semaines à apprendre une seule chose et s'entrainer à l'appliquer plutôt que d'apprendre une dizaine de techniques différentes sans savoir quoi en faire.

Le développement de l'inspiration

Comme on l'a dit, l'inspiration est un élément essentiel de l'improvisation, du coup il faut la développer. Beaucoup de gens se disent -à tort- qu'ils ne sont pas artistes et qu'ils n'ont pas d'inspiration. Mais c'est pas grave, l'inspiration, comme tout le reste, ça se travaille.

Le développement de l'oreille

Un autre aspect fondamental à l'improvisation (et plus généralement à la musique), c'est le développement de l'oreille. C'est à dire être capable de reconnaitre des mélodies et accords afin de les rejouer. Là encore certaines personnes pensent ne pas avoir d'oreille musicale, mais c'est tout simplement faux.

Développer son oreille c'est un travail de longue haleine, pas très facile, mais c'est nécessaire pour devenir un bon improvisateur. Et c'est quelque chose que vous pouvez faire dès vos premiers jours de guitares, donc n'hésitez pas !

L'harmonie

Ça ça ne va pas plaire à tout le monde, et certains guitaristes ne seront pas d'accords avec moi, mais le travail de l'harmonie est très utile pour tout improvisateur. Ce n'est pas indispensable en soi, mais ça vous apportera énormément.

En travaillant l'harmonie vous apprendrez les rapports entre les notes, les accords, les gammes, comment tout ça est construit et s'imbrique ensemble. Ça vous donnera une excellente compréhension de ce qui se passe dans un morceau, ce qui du coup vous aidera à mieux comprendre ce que vous jouez, ce que vous voulez jouer, et ce que vous pouvez jouer.

Avec de bonnes connaissances harmoniques et un peu d'expérience, vous saurez immédiatement quelle gamme collera sur une grille d'accords, quelles seront les notes cibles à utiliser, le tout sans avoir besoin d'essayer aveuglément jusqu'à trouver le bon truc.

Tout ce travail peut être relativement long, mais il est dépendant de ce que vous voulez faire : vous n'aurez pas besoin des mêmes connaissances si vous voulez improviser sur du rock ou sur du jazz, du coup essayez de vous focaliser sur les éléments les plus importants en premier.

L'étude du/des style(s) de musique

Ça rejoint un peu l'harmonie, mais pour bien improviser dans un style de musique, il faut connaitre ce style. Même si les concepts que nous avons abordés dans la deuxième partie sont communs à tous les styles de musique, leur application va varier. Il faut connaitre les coutumes, les habitudes, ce qui a déjà été fait, ce qui est mal vu etc... dans le style (ou les styles) que vous visez.

Les licks

Quelque soit le style de musique que vous voulez jouer, vous aurez besoin d'apprendre des licks propres à ce style. vous pouvez en trouver quelques-uns dans la riffothèque de ce site, ou aller puiser dans des solos connus pour construire votre bibliothèque de licks.

Les gammes

Comme on l'a dit précédemment, on va utiliser les gammes pour savoir quelles notes utiliser dans un solo. Du coup, savoir jouer ces gammes est indispensable pour improviser correctement. De plus, c'est un excellent travail technique qui vous permettra de mieux connaitre et maitriser votre manche.

Comme pour l'harmonie, c'est un travail dépendant du style puisque certains styles ne vont pas utiliser les mêmes gammes que d'autre. Il y a néanmoins des gammes communes à quasiment tous les styles de musique, et donc particulièrement adaptées pour les débutants. Vous pouvez retrouver une introduction aux gammes dans ce cours.

L'application

Comme je l'ai briévement mentionné, toutes ces notions ne vous serviront à rien si vous n'apprenez pas à les appliquer. A chaque fois que vous allez apprendre quelque chose de théorique, mettez le en pratique, essayez de voir comment d'autres guitaristes l'utilisent, voir qu'est-ce que vous pouvez en faire.

Voyez ça comme des outils : c'est très utile d'avoir une tronçonneuse chez soi, mais si vous vous en servez pour vous curer les dents, ça va très mal se passer. Du coup, n'apprenez pas l'improvisation sans avoir une guitare dans les mains !

Tout ceci peut sembler confus pour un débutant. Il y a du vocabulaire technique que vous ne comprenez peut-être pas encore, vous avez découvert plein de notions mais vous ne savez pas encore comment les mettre en pratique, du coup vous êtes un peu perdu. Alors nous allons passer à la dernière partie, dans laquelle je vais vous raconter une petite histoire pour vous montrer comment on peut retrouver toutes ces notions dans la littérature.

La musique et le langage

Le but de cette dernière partie n'est pas de vous apprendre de nouveaux concepts ou techniques utilisés dans l'improvisation, mais plutôt de vous proposer une analogie avec le fait de raconter une histoire. Puisque tout le monde a un jour ou l'autre raconté une histoire, ça vous permettra sans doute de mieux comprendre tout ce dont on a parlé dans les parties précédentes. Et vous ne vous en rendez peut-être pas encore compte, mais la musique et le language sont plus similaires que vous ne l'imaginez.

Mais avant de se lancer dans tout ça, faites une petite expérience : arrêtez de lire, trouvez quelqu'un près de vous (un membre de votre famille, un ami, ou même un inconnu dans la rue), et essayez de raconter une histoire que vous inventez au fur et à mesure.

Vous risquez d'avoir beaucoup de mal. Vos phrases ne seront pas construites, votre discours n'aura ni queue ni tête, vous n'avez aucune idée de comment votre histoire se finira et ça va partir dans tous les sens.

Du coup, vous venez de faire votre première expérience d'improvisation. Sauf qu'au lieu d'inventer une histoire avec des mots, vous devrez inventer des mélodies avec des notes. Et vous allez voir que les similarités entre ces deux exercices sont très nombreuses.

Le contexte

Parlons un peu du contexte de votre histoire : la plupart des histoires se situent dans un univers particulier. Si on prends l'exemple ancestral du chevalier qui doit aller sauver une princesse, alors on est dans un univers médiéval/fantastique. On s'attend à trouver dans votre histoire des forêts, des dragons, des magiciens, des duels d'épées etc... On aurait beaucoup plus de mal à imaginer qu'un robot ou un vibromasseur puisse se retrouver dans cette histoire.

En musique, le contexte est défini par l'accompagnement et l'harmonie. La suite d'accords qui sera jouée à l'accompagnement définira ce qu'on appelle une tonalité, et cette tonalité nous indiquera quelles notes font partie de ce "contexte". Comme pour le vocabulaire propre à notre histoire de chevalier, on aura des notes qui auront leur place dans un solo, et d'autres qui n'auront rien à faire là.

Mais là ou ça devient intéressant, c'est que même dans une histoire de chevalier on peut retrouver les mots "robots" et "vibromasseur". C'est très rare, mais ça pourrait passer dans un scénar de Doctor Who. Du coup en musique c'est pareil, certaines notes ne font pas partie du contexte harmonique, mais peuvent quand même être utilisées. C'est juste que plus on s'éloigne de nos notes de base qui font partie du contexte, plus ça devient délicat de les inclure sans que ça ne devienne n'importe quoi.

Faire des phrases avec les mots

Avec un peu d'apprentissage, on peut maitriser ces notions de contexte, et trouver facilement quelles notes/gammes peuvent être utilisées dans un solo sans qu'on soit complètement à coté de la plaque. Mais après, il faut apprendre quoi faire avec des notes. En français, on n'utilise pas les mots n'importe comment. On fait des phrases avec. En musique, c'est la même chose. On va faire des phrases musicales avec des notes.

Les règles grammaticales en français sont relativement stricte. Il nous faut généralement un verbe-sujet-complétement pour faire une phrase. Et il faut surtout que cette phrase ait un début et une fin. En musique c'est la même chose : on ne veut pas jouer une suite de note sans fin, on veut faire des phrases qui se finissent, sinon ça ressemblera plus à un discours politique.

Comme en français, les phrases musicales sont très diversifiées. On peut avoir des phrases très courtes, avec seulement deux notes, ou des phrases plus longues, équivalentes à des phrases comprenant beaucoup de mots, d'adjectifs et de description. Pour voir quelques exemples de phrases musicales, regardez la vidéo à 4mn20.

Les règles de grammaire

En français, toutes les phrases vont se finir par un signe de ponctuation. Ça peut être un point, un point d'exclamation, un point d'interrogation ou autre. Et ça, on le retrouve également en musique.

Certaines notes (notamment les notes cibles) vont généralement servir de "point". D'autres vont plutôt servir de point d'interrogation, parce qu'elles donneront l'impression de ne pas vraiment finir la phrase, et d'attendre une réponse. D'autres encore peuvent servir de point d'exclamation. Pour voir quelques exemples, regardez la vidéo à 5mn30.

Tout ça reste plus difficile à définir musicalement, puisqu'au contraire du français ou on peut voir quel signe de ponctuation est utilisé, en musique ça se base beaucoup sur le ressenti. Donc le choix de la note influe beaucoup sur la tournure de la phrase, mais la façon d'amener cette note et de la jouer va influer aussi. Mais on retrouve quand même les mêmes concepts.

Un exemple : La question/réponse

Comme on l'a dit, on peut retranscrire les règles de grammaires dans des phrases musicales. Et en français, quand on pose une question, on attends souvent une réponse. Dans beaucoup de cas, on va reprendre l'intitulé de la question dans la réponse.

Quel temps fait-il à Paris aujourd'hui ? Aujourd'hui, à Paris, le temps est beau.

On retrouve ainsi les mêmes mots. Et bien en musique on peut faire la même chose. On peut "poser une question" en jouant une phrase qui finira en suspens, et on va réutiliser les mêmes notes pour rejouer une phrase qu'on va finir différemment, sur un "point". Vous pouvez voir un exemple à 6mn55 dans la vidéo.

Les licks

Dans les parties précédentes nous avons parlé des licks, des petites phrases musicales déjà utilisées des milliers de fois et qu'on apprends par coeur. On va retrouver la même chose dans la langue française.

Si on reprends l'exemple de l'histoire de chevalier, tout le monde s'attends à ce que l'histoire commence par "il était une fois". Et l'histoire peut tout à fait se finir par "et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants". Ces deux bouts de phrases sont des clichés déjà utilisées des milliers de fois, dans des milliers d'histoires.

Tout le monde connait ces phrases/licks, mais c'est le but : puisque tout le monde les connait, tout le monde les reconnait. Et du coup, ça donne un sentiment de familiarité à l'auditeur, qui comprends tout de suite ce que la phrase veut dire et ce qu'elle amène par la suite.

Les thèmes

Un autre concept musical qu'on retrouve très souvent : le thème. Le principe est simple : on a une mélodie importante dans un morceau (par exemple la ligne de chant) qui va être reprise ensuite par d'autres instruments pendant un solo. Ou alors le guitariste va commencer un solo avec une certaine phrase, et va réutiliser cette phrase dans la suite du solo (pensez au solo de Stairway to Heaven par exemple, la toute première phrase est réutilisée quasiment à l'identique quelques mesures plus tard).

C'est également quelque chose que l'on retrouve dans certaines histoires. Un bon exemple se trouve dans le poème "Le Corbeau" d'Edgar Allan Poe. Toutes les strophes se finissent soit par "et jamais plus", soit par "et rien de plus". Ces deux petites phrases constituent le "thème" du poème. Et le fait de les réutiliser encore et encore renvoie le lecteur aux strophes précédentes, donne un sentiment de familiarité etc...

Les styles musicaux

Un des derniers éléments que l'on peut comparer entre la musique et la langue française, c'est le style musical. Comme on l'a dit dans les parties précédentes, on peut improviser sur n'importe quel style musical, mais les principes d'improvisations seront différents.

Comment est-ce que ça se retranscrit en français ? Et bien dans la forme de l'oeuvre. Une nouvelle, une pièce de théatre et un poème n'auront pas la même construction ni la même structure. Dans tous les cas, on utilisera les mêmes mots de la langue françaises, les mêmes règles de grammaire, mais l'utiliseration qu'on fait sera différente.

En musique c'est la même chose : on utilise les mêmes notes et les mêmes gammes, mais la façon dont on va structurer nos phrases va être plus appropriée à un style ou un autre. On ne fera pas les mêmes phrases en blues et en jazz, même si on se retrouve dans le même contexte harmonique (donc les mêmes gammes et notes), la construction des phrases sera différente.

C'est tout !

C'est tout pour cette partie. On a vu là comment on peut retranscrire les concepts de la langue française et de la construction d'une histoire à la musique. Le but était de vous aider à mieux comprendre tous les outils que l'on utilisera, à mieux comprendre comment on improvise. Après, comme pour devenir écrivain, il faut s'entrainer et apprendre à maitriser tous ces outils pour devenir un bon improvisateur. Bon courage !

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Il faut de la sagesse pour comprendre la sagesse : la musique n'est rien si le public est sourd.
(Walter Lippmann)